Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/11

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là Iphigénie et consorts. Vous ne faites rien de bon au barreau, etc., etc…

Et de cette façon Johnson restera sans une bribe de consolation, sans une miette de sympathie ; et pourtant il avait mis dans son Iphigénie tout ce qu’il y avait de meilleur en lui. Si son éditeur en avait vendu dix mille exemplaires, comme Thompson l’aurait admiré ! Comme il eût pressé le poëte dans ses bras, et quel déjeuner au vin de Champagne il lui aurait donné à Richmond ! Mais quelle sympathie peut-on avoir pour l’insuccès ? Échouer, c’est se déshonorer. Væ victis !

Ces courses, ces luttes continuelles dans lesquelles nous autres Anglais nous sommes tous engagés, seront toujours un spectacle douloureux pour quiconque a l’âme assez tendre pour songer aux neuf chevaux distancés au lieu de ne penser qu’au seul vainqueur. Voyez la liste qui vient d’être publiée à la suite de notre grande lutte nationale à l’université de Cambridge. Combien y a-t-il de grands prix, — de wranglers ? Trente peut-être, et c’est toujours beau d’être un wrangler. Or, sur ces trente, il n’en est peut-être qu’un qui n’a pas échoué au fond, et qui ne subisse pas intérieurement le chagrin d’une défaite : c’est le premier. Le jeune homme qui a été second, et qui par cela même a prouvé qu’il possédait une somme d’érudition écrasante pour un esprit ordinaire, celui-là est dévoré d’amertume. Après tout son labeur, ses longues veilles, ses nuits d’insomnie, ses plaisirs négligés, ses migraines, Amaryllis abandonnée, Néère aux bras d’un autre, — après tout cela, être le second,