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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/124

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mœurs et les habitudes des peuples parmi lesquels il avait vécu. Mais il avait fait l’office d’une grande jarre d’huile toujours prête à se répandre pour apaiser les flots troublés. L’expédient était son dieu, et, jusqu’à ce jour, il l’avait adoré avec une dévotion qu’avait couronnée le succès.

J’ai laissé entrevoir que sir Lionel n’avait pas été un bon mari ; j’ai montré clairement qu’il avait été un père des plus indifférents. Mais, dès qu’il se rencontra avec son fils, le charme de ses manières fit bientôt oublier tous les anciens torts ; avant la fin de la première soirée, George Bertram aimait dix fois mieux son père duquel il avait été en droit de tout attendre, et qui ne lui avait rien donné, qu’il n’aimait son oncle, qui lui avait tout donné sans lui rien devoir.

— Vous avouerez, mon père, que nous avons fini par nous rencontrer dans un drôle d’endroit ? dit George. Ils étaient assis, tout près l’un de l’autre, après souper, sur un de ces divans qu’en Orient on trouve fixés au mur dans toutes les pièces, et le fils avait d’une façon câline pris le bras de son père. Sir Lionel, à dire vrai, ne se souciait guère de pareilles caresses, mais il les permit en cette occasion, en considération des circonstances particulières de cette première entrevue.

— C’est que, vois-tu, George, je suis toujours dans de drôles d’endroits, moi.

— Vous avez déjà été à Jérusalem ?

— Non, jamais. Ça n’est sur le chemin de rien ; on peut même dire que ça n’a pas de chemins du tout.