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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/134

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bien, lui. Mais je voudrais bien savoir s’il n’y aurait pas moyen d’avoir une tasse de café ici ?

— Rien de plus facile, dit George en sonnant.

— C’est facile peut-être ; mais si j’en crois mon expérience, là où vont les Anglais, le café ne vaut jamais rien. Il m’a toujours paru qu’ils avaient un goût tout particulier pour la chicorée, et qu’ils faisaient très-peu de cas du café.

— Voici ce que j’allais vous dire, mon père. Quand je songe aux relations qui existent entre mon oncle et moi, quand je songe que pendant toute ma vie il a… Ici George s’arrêta, car ce qu’il allait ajouter pouvait sembler une critique à l’adresse de son père.

—… Que pendant toute ta vie il a payé tes trimestres au collège, ainsi qu’un tas de choses de ce genre ? continua sir Lionel.

— Justement. Comme il s’est toujours conduit ainsi envers moi, il me semblait tout naturel d’accepter ce qu’il me donnait.

— Tout naturel, en effet. Tu n’aurais pas pu agir autrement.

— Mais ne voilà-t-il pas maintenant qu’il parle de ce qu’il a fait pour moi, comme si… Il va sans dire que je lui suis très-reconnaissant, — infiniment reconnaissant. Je ne demande pas mieux que de l’être, et ce n’est pas cela qui me pèse. Mais il a l’air de croire que j’ai eu tort de prendre son argent. Quand je le reverrai, il me dira peut-être quelque chose à propos de ces huit mille francs. Alors il ne me restera plus qu’à lui rappeler que je ne les lui ai pas deman-