Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/14

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ler sienne et livré à tous les hasards de la vie, M. Wilkinson s’offrit de lui donner une famille et de l’élever avec son fils aîné jusqu’à ce qu’ils fussent en âge l’un et l’autre d’aller à quelque école publique. Pendant trois ans, George Bertram vécut donc à Hurst Staple. Seulement, tous les ans, il allait passer un mois chez un de ses oncles (avec lequel le lecteur devra faire connaissance en temps et lieu), et ce mois-là était naturellement regardé par l’enfant comme le temps des vacances.

C’est peut-être ici le lieu de noter que sir Lionel Bertram, bien qu’il fût très-brave et tout à fait l’homme qu’il fallait pour négocier avantageusement avec des peuples exotiques, ne s’était jamais assujetti à des habitudes d’exactitude dans ses affaires d’intérêt. Un arrangement avait été conclu d’après lequel trois mille francs devaient être payés annuellement pour les besoins du jeune Bertram, et cette somme devant couvrir toutes les dépenses d’habillement, de blanchissage et d’argent de poche, en sus de la bagatelle de la nourriture et de l’éducation de l’enfant, nous pouvons ajouter que le marché n’était pas trop onéreux pour sir Lionel. Le premier semestre fut payé ; mais, à partir de là jusqu’à la fin de la seconde année, M. Wilkinson ne toucha plus rien. Comme c’était un pauvre homme ayant six enfants à lui et sans autres ressources que les revenus de sa cure, il crut devoir écrire à Londres et mentionner la chose au frère de sir Lionel. La note fut immédiatement soldée, et de ce côté-là M. Wilkinson n’eut désormais aucune inquiétude.