sonne n’avait été plus gai que lui. Il s’était flatté d’avoir complètement éclipsé M. Cruse dans les bonnes grâces de ces dames, et il avait même été tout prêt, dans le principe, à prendre sur lui toute la fatigue et l’ennui des détails matériels du pique-nique. Aujourd’hui, tout était changé à ses yeux : il avait des scrupules ; il se demandait si ce ne serait pas profaner la vallée sacrée de Josaphat que d’en faire un lieu de réunion, et il consulta sérieusement M. Cruse à ce sujet. Jusqu’à ce moment ces deux messieurs n’avaient guère montré d’amitié l’un pour l’autre, mais ils s’unirent en présence de l’ennemi commun. M. Cruse, lui, ne faisait pas grand cas des souvenirs, ni des associations d’idées ; il donna même à entendre que, selon lui, un respect trop servile pour des localités consacrées confinait à l’idolâtrie, et il s’annonça comme prêt à manger son dîner sur n’importe quelle colline ou dans n’importe quelle vallée des environs de Jérusalem. Fort de cet appui, et fort surtout de sa conscience, M. Mac Gabbery se laissa donc persuader et renouvela même l’offre de ses services à mademoiselle Todd.
Enfin, il y avait M. Pott, le jeune homme confié aux soins de M. Cruse. Il était le fils d’un riche négociant faisant le commerce des toiles, et se montrait, en toutes choses, parfaitement inoffensif. Pour le moment, sa principale occupation était de faire la cour à mademoiselle Jones, et, plus heureux que son mentor, nul rival n’était venu se mettre à la traverse de son bonheur.
Mademoiselle Baker et mademoiselle Waddington