Les tombes de la vallée de Josaphat sont toutes recouvertes, et chaque sépulture est marquée par une pierre, mais celles dont il s’agit se trouvent dans des catacombes ouvertes, ou, pour mieux dire, dans des caveaux dont l’entrée est ouverte. Le voyageur aventureux peut même pénétrer en rampant, si le cœur lui en dit, jusque dans des cellules où se sont desséchés les ossements de quelque visiteur qui l’a précédé à Jérusalem. Selon la tradition, ce serait ici le champ acheté avec l’argent de Judas, avec le prix de l’iniquité. C’était jadis le lieu de sépulture pour les étrangers, Aceldama, le champ du sang.
Mais où sont aujourd’hui ces ossements, car les catacombes sont à peu près vides ? Le jeune Pott, ayant descendu dans une des plus profondes, en rapporta un crâne et deux fragments d’os qu’il présenta avec infiniment de grâce à mademoiselle Jones, laquelle faillit tomber de son âne à cette vue.
— Fi donc, Pott ! dit M. Cruse, comment pouvez-vous faire une chose si dégoûtante ? Vous profanez la tombe de quelque malheureux musulman, mort il n’y a pas cinquante ans peut-être. (M. Cruse ne perdait pas une occasion de montrer son incrédulité à l’égard de toutes les traditions locales.)
— C’est affreux ! ce que vous avez fait là, monsieur Pott, dit mademoiselle Jones, tout à fait affreux ! Vous êtes capable de tout. Mais je suis sûre que ce n’était pas un Turc.
— N’est-ce pas ? ç’avait l’air d’être un juif, dit M. Pott.