— Que vous avez dû être heureux de revoir votre père, dit mademoiselle Baker à George. Sa bonté l’empêchait d’être malhonnête pour M. Mac-Gabbery, mais elle se serait volontiers débarrassée de lui.
— J’en ai été bien heureux en effet. Savez-vous que c’était la première fois que je le voyais ?
— La première fois que vous voyiez votre père ! dit Caroline ; mais ma tante Mary que voilà, prétend que je l’ai vu, moi ?
— Je vous assure que je ne me souviens pas de l’avoir jamais vu. On ne connaît guère les gens qu’on n’a vus qu’avant l’âge de sept ou huit ans.
— Il faut que vous ayez bien mauvaise mémoire, dit M. Mac-Gabbery, ou que votre tendresse d’enfant pour votre père ait été bien faible. Je me rappelle à merveille la douceur des caresses maternelles, quand je n’avais encore que trois ans. Rien ne se peut comparer, mademoiselle Waddington, à la douceur des baisers d’une mère.
— Je ne l’ai jamais connue, répondit Caroline. Mais j’ai trouvé pour mon compte que les baisers d’une tante valaient à peu près ceux d’une mère.
— Ceux d’une grand’mère ont leur mérite, dit Bertram, d’un ton fort sérieux.
— Je ne puis jamais songer à ma mère sans émotion, poursuivit M. Mac-Gabbery. Je me rappelle, comme si c’était hier, le jour où je me tins pour la première fois debout auprès d’elle, tandis qu’elle me montrait un livre d’images ouvert sur ses genoux. C’est le plus lointain souvenir que me four-