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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/164

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irai ; je serai moi-même heureux d’avoir l’occasion de changer de souliers.

— Je regrette tant que vous soyez mouillé, fit la belle Caroline.

— Oh ! ce n’est rien ; cela me fait plaisir. Vous sentez bien que je ne pouvais pas vous voir tomber à l’eau sans voler à votre secours. Dites-moi, je vous prie, ce qu’il faut que je vous rapporte. Vous savez que je connais à merveille toutes vos malles, ainsi je n’aurai pas la moindre difficulté. Faudra-t-il que je fasse ouvrir celle qui est marquée d’un C. W. en clous dorés ? C’est, celle-là, vous souvenez-vous, qui est tombée du dos d’un chameau, près du temple de Dagon. Infortuné Mac-Gabbery ! ce voyage à travers le désert était l’oasis à jamais mémorable de son aride existence.

— C’est moi qui suis le coupable, mademoiselle, dit enfin Bertram, et c’est à moi d’être puni. Je vais retourner à Jérusalem ; et, pour vous éviter tout ennui, je vais faire charger vos malles et vos cartons, sans exception, sur le dos d’une vingtaine de portefaix arabes qui viendront les déposer ici à vos pieds.

— Vous savez bien que vous n’en ferez rien, dit Caroline. Vous oubliez que vous m’avez confié votre théorie sur les petits soins rendus aux femmes.

Après quelques minutes d’une conversation à voix basse entre la tante et la nièce, — conversation à laquelle M. Mac-Gabbery essaya en vain de prendre part, — on se décida à renvoyer à la ville un domestique chargé d’un trousseau de clefs et d’un petit billet pour