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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/173

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une égale complaisance. Il aurait volontiers renoncé à l’ascension, s’il n’avait craint de désobliger son fils ; mais George y tenait absolument. On chercha donc un âne pour sir Lionel, et ils se mirent en route.

— Ma foi ! oui, dit-il, lorsqu’il eut gagné le sommet, on voit admirablement la ville d’ici. Tu dis donc que c’était là le temple de Salomon ? et maintenant ils en ont fait une mosquée ? Mon Dieu, qui sait si d’ici la fin du monde, les Brahmanes aussi n’y feront pas des leurs. Malgré tout, cette colline est fièrement aride !

Alors George essaya, mais en pure perte, de faire comprendre à son père pourquoi il désirait entrer dans les ordres.

— À propos, dit sir Lionel, — ils étaient assis tout juste à l’endroit où s’était trouvé George lorsqu’il avait pris la grande résolution de renoncer à toutes les ambitions de ce monde pour devenir un des pasteurs du Christ, — à propos, George ne va pas, pour l’amour de Dieu, choisir une profession qui te mette ton oncle à dos. Pourtant je ne voudrais pas te voir t’enterrer dans une étude d’avoué.

— Jamais je n’en ai eu un seul instant l’idée, dit George.

— Je pense qu’avec ton esprit, et sans cela même, avec tes espérances de fortune, ce serait une vraie sottise ; mais, en tenant compte de vos positions respectives, je crois réellement qu’à ta place je ferais à peu près tout ce que le vieux exigerait de moi.

— Je ne ferai pourtant pas cette chose-là, dit George,