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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/205

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zareth et pouvoir se dire que la terre qu’il foulait était sainte.

Sir Lionel n’aurait pas donné deux sous de Bethsaïda ou de Chorazin, il ne les aurait pas donnés même pour voir Nazareth, mais pour plusieurs raisons il tenait à être bien avec son fils. En premier lieu, l’homme qui fait payer sa note à un autre doit toujours quelques concessions à celui qui la paye. En tout cas, sir Lionel était disposé à en faire ; quant à cela, il ne demandait pas mieux que d’être juste. Ensuite il avait des projets pour le succès desquels il était nécessaire que George eût de l’affection pour lui. À ce point de vue, il avait jusque-là bien joué, — très-bien joué son rôle, si nous exceptons toutefois cette petite maladresse de faire payer sa note à Jérusalem. Il s’était rendu très-agréable à son fils ; il avait beaucoup fait pour lui gagner le cœur, et il était fort disposé à faire plus encore, — à faire, en un mot, tout, sauf ce qui le gênerait personnellement par trop. Nous pouvons même ajouter, sans que cela implique la moindre contradiction dans le caractère général de sir Lionel, qu’il avait vraiment du goût pour son fils.

Toutes ces considérations le soutinrent pendant quelques jours de courses à droite et à gauche, et lui inspirèrent de la persévérance à défaut de patience. Il visita avec résignation des endroits qu’on lui dit être célèbres dans le monde entier, mais dont les noms n’éveillaient chez lui que des souvenirs vagues et lointains, et ils lui parurent misérables, arides et ennuyeux. Il supporta Gibeon, Shiloh et Sichem, voire même Gilgal