Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/21

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consolé en se disant que les espérances plus modestes qu’il se permettait étaient du moins certaines ; — et puis, qu’il restait encore cette chance inavouée de bonheur en réserve. Et voilà qu’Arthur Wilkinson devait apprendre à son père qu’il n’était ni double-premier ni premier même. Son grade était fort convenable pour qui ne se serait pas attendu à grand’chose, pour qui n’aurait pas fait parler de soi, mais il n’était pas convenable pour Arthur Wilkinson du collège de Balliol.

Væ victis ! Il était vraiment malheureux, tout seul dans sa chambre et se demandant comment il ferait cette lettre. En ce temps-là, il n’y avait ni télégraphes ni télégrammes ; il fallait écrire. S’il n’écrivait pas, son père serait à Oxford dans les vingt-quatre heures. Comment faire ? S’adresserait-il de préférence à sa mère ? Mais alors que ferait-il, que dirait-il à propos de cette maudite dette ?

La plume, l’encre et le papier étaient prêts, et il s’était placé dans son fauteuil devant la table. Il y était depuis une demi-heure, mais pas un mot n’était encore écrit, et peu à peu, on ne sait comment, le fauteuil s’était retourné pour faire face au feu. Il était là, quand tout à coup on frappa violemment à la porte extérieure.

— Allons ! ouvre la porte, dit la voix de Bertram, je sais que tu y es.

Wilkinson ne répondit pas. Il n’avait pas revu Bertram depuis la publication des listes, et il ne savait trop s’il aurait le courage de lui parler.