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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/223

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la fin il s’est laissé persuader par sa propre éloquence, et je crois, ma foi ! qu’il a changé d’avis.

— Eh bien ! si j’avais pensé comme vous, je ne me serais pas chargé de leur dossier quand tous les Pike du monde seraient venus me le demander.

— Comme cela, tout homme qui se trouve dans un mauvais pas ne doit point avoir de défenseur ? Voilà comme vous entendez, la justice, vous.

— Si sa cause est assez mauvaise pour que personne ne puisse la croire bonne, il ne devrait pas, selon moi, trouver d’avocat.

— Et comment saura-t-on ce que vaut une cause, si on ne s’en occupe pas, si on ne l’étudie pas ? Mais ce que vous dites là est du Don Quichotte tout pur. Cela n’est pas soutenable un instant. Vous savez aussi bien que moi qu’un avocat qui prétendrait mettre de semblables théories en pratique devrait bien vite quitter sa robe. Ces sentimentalités-là vous étaient permises quand vous pensiez vous faire ministre, écrivain, ou peintre. Tant qu’on n’est pas du métier, on est libre de se laisser aller aux critiques les plus saugrenues. Mais aujourd’hui, mon cher, c’est autre chose. Si vous comptez prendre au sérieux la seule profession qui, selon moi, soit-digne des efforts d’un esprit cultivé, commencez par vous débarrasser de toutes ces vieilles toiles d’araignées.

Harcourt parlait avec sincérité. Ces scrupules exagérés, ces doctrines sentimentales le révoltaient. Il les jugeait indignes d’un homme. Comment donc ! un gamin comme Bertram, un échappé de l’Université, se