Aller au contenu

Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être la conduite de ton père, tu as eu raison de la défendre ; et toute mauvaise qu’elle a été, j’ai eu tort d’en parler comme elle le mérite devant toi. Je ne le ferai plus.

— Merci, mon oncle, dit George dont les yeux se remplirent de larmes.

— Je te fais là, je crois, ce que, même dans l’armée, on nommerait des excuses suffisantes. Mais je pourrais peut-être les rendre encore plus satisfaisantes.

— Mon oncle, de grâce, n’ajoutez rien, je vous en prie, dit George qui ne comprenait pas au juste où le vieillard voulait en venir.

— Non, je n’ajouterai rien, car je n’ai plus rien à dire, si ce n’est que Pritchett veut te voir. Va le trouver aujourd’hui à trois heures.

George alla voir Pritchett à trois heures. Celui-ci lui apprit, en affectant un ton glacial, mais sans réussir à réprimer des sourires de satisfaction, accompagnés de petits rires intérieurs et asthmatiques, qu’il avait ordre de payer régulièrement à M. George une rente annuelle de cinq mille francs jusqu’à la mort de M. Bertram, le capital de ladite rente, placée dans les fonds publics, devant revenir à M. Georges après le douloureux événement sus-mentionné.

— Il est certain que cinq mille francs par an, ça n’est rien pour vous, monsieur George ; mais…

Mais cinq mille francs de rente, c’était beaucoup pour George. Le matin même il s’était demandé, non sans inquiétude, comment il trouverait moyen de vivre jusqu’au moment où il commencerait à récolter les fruits d’or du succès.