Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/29

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— Quand ils sont finis, il est temps d’aller dîner, dit Gérard.

— Cela, c’est bon pour un nouveau, mais maintenant que vous voilà bachelier es arts, vous verrez que vous n’aurez plus cette capacité. Mais, pour l’amour de Dieu ! laissez-moi finir mon speech, ou nous n’aurons le temps ni de dîner ni de souper. Je le répète, on prétend généralement qu’il ne devrait point y avoir de discours à ces charmants petits repas du matin.

— Appelez-vous ceci un petit repas ? interrompit à son tour Madden, qui, renversé sur sa chaise, avait à peine la force de tirer de temps à autre une bouffée de son cigare.

— Je ne prétends point parler légèrement du menu qui n’a été que trop complet. Si vous me permettez d’achever, je dirai que cette loi du silence, toujours proclamée, est toujours violée ; je n’éprouve donc aucun scrupule à la violer à mon tour aujourd’hui. Un grand discours est très-ennuyeux, et un petit discours est un peu ennuyeux ; mais il faut savoir s’ennuyer. On ne peut guère s’en passer dans ce monde. Or, mon ennui sera un très-petit ennui, si l’on me permet de le mener à bonne fin sans interruption.

— Bien dit, Harcourt ! s’écria Bertram. Allez de l’avant ; nous ne sommes que trop heureux de vous écouter. Nous n’avons pas tous les jours un avocat de Londres.

— Ce n’est pas tous les jours, non plus, que nous avons un double-premier à notre vieux « Trinité. » Messieurs, nous sommes ici six qui appartenons à