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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/304

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savoir attendre, — travailler, attendre et patienter ? Je sais que vous vous appliquez trop. Vous mettez trop d’ardeur à tout ce que vous faites. Ne vous tuez pas de travail. Ménagez-vous pour l’amour de moi, s’il m’est encore permis de parler ainsi. Vous me dites que vous avez abandonné le genre de vie auquel votre nature vous portait ? Je ne vous crois point une mauvaise nature et je serais fâchée de penser que vous vous privez de plaisirs, honnêtes en eux-mêmes, parce que vous vous sentez lié envers moi. » L’ardeur des protestations de Bertram sur ce dernier point devait flatter toute jeune fille ; mais Caroline, en y réfléchissant, ne se soucia pas d’être ainsi flattée. Elle eût désiré trouver chez son futur mari moins de passion et plus de jugement. Elle souhaitait de lui voir mieux comprendre que le véritable but de leur union devait être de s’engager ensemble dans le combat de la vie afin que, réunis, ils pussent lutter avec plus de chances de succès qu’isolément. C’était ainsi qu’elle l’entendait.

— « C’est avec douleur que je vous écris, poursuivait-elle, car je sais que ce que j’écris vous fera de la peine. Mais j’ai la conviction aussi que je remplis un devoir. Je suis prête à reconnaître pourtant que ce délai peut se trouver en désaccord avec les intentions que vous aviez quand vous m’avez priée d’être votre femme. Nous ne nous sommes pas trompés volontairement l’un l’autre, j’en suis certaine, mais il est possible que nous nous soyons mal compris. S’il en est ainsi, cher George, tâchons d’oublier tout le passé. Je ne dis pas ceci pour moi. Si vous le désirez, je suis prête à me