Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/32

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grande et de son débit plus assuré ; mais en cette occasion sa facilité de parole l’abandonna complètement.

« Il leur était fort reconnaissant, dit-il, bien que peut-être après tout valait-il mieux que les hommes qui se plaçaient dans une position médiocre fussent laissés à leur médiocrité. Quant à lui, il ne doutait pas de la justice des listes. Il ne lui servirait de rien de nier qu’il avait eu l’ambition de quelque chose de mieux : tout le monde, — pour lui c’était tout le monde, — ne savait que trop qu’il avait eu de l’ambition. Mais il avait reçu une leçon qui lui serait sans doute utile pour le reste de ses jours. Échouer, ou ne pas échouer, c’était là une chose qui dépendait des espérances qu’on fondait sur soi. Il comptait bien à l’avenir n’en plus former que d’assez modestes pour que la réalisation de ses désirs eût quelque probabilité. » Après avoir prononcé ces paroles lugubres, il se rassit ayant réussi à éteindre toute gaieté dans la réunion.

Donc, après un dernier verre de punch et un dernier cigare, on se sépara.

Bertram et Harcourt demeurèrent seuls, Bertram ayant en vain engagé son cousin à rester avec eux. Wilkinson avait besoin d’être tranquille et regagna solitairement son collège.

— Vous avez toujours surfait ce garçon-là, dit Harcourt.

— Je ne le pense pas, et le temps me donnera raison. Au bout du compte, un bon grade universitaire n’est pas tout dans ce monde. À Londres, qui donc songe aux grands prix et aux doubles-premiers, je