lettre montrée à M. Harcourt, et elle n’entendait nullement la lui dire maintenant.
— Ma tante, je ne saurais vous dire tout ce qui s’est passé. Ce n’est pas ce qu’il a dit qui a amené la brouille plus que ce que j’ai dit moi-même. Du moins… Non, cela n’est pas tout à fait exact ; c’est bien ce qu’il a dit qui a fait le mal ; mais je ne lui ai pas répondu comme il l’aurait voulu, et nous avons pensé qu’il valait mieux nous séparer.
— Il voulait que le mariage se fît tout de suite ?
— Non, je ne crois pas qu’il désirât rien de semblable. Soyez convaincue qu’il ne désire maintenant aucun mariage, — aucun mariage avec moi du moins. Et soyez persuadée de ceci encore : c’est que de mon côté je ne désire nullement l’épouser. Désirer ! Que servirait de désirer ? Cela est impossible maintenant.
Il y eut un nouveau silence, et ce fut encore mademoiselle Baker qui le rompit.
— Je me demande si jamais tu l’as réellement aimé ? Je me suis quelquefois dit que non.
— Peut-être que non, en effet, dit Caroline qui repassait en pensée sa destinée.
— Si tout doit être rompu, je souhaite qu’il en ait été ainsi !
— Ce serait à souhaiter, en effet… pour moi et pour lui.
— Il t’aimait, lui. On n’en saurait douter ; on n’en saurait douter un seul instant. Si jamais homme a aimé une femme, il t’a aimée.
Mademoiselle Waddington ne répondit pas, elle ne