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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/390

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— Pas précisément ; mais je ne mets pas en doute les chiffres, — pas le moins du monde ; M. Pritchett, je le sais, est toujours exact.

— Oui, M. Pritchett est généralement exact. Et oserai-je vous demander, sir Lionel, ce que vous comptez faire ?

Le moment était, venu pour sir Lionel de s’armer de tout son courage. Il se dit, qu’après tout, son frère n’était qu’un vieux bonhomme impotent et malade, n’ayant d’autre puissance que celle de son argent, et que, du moment qu’il n’y avait rien à espérer de ce côté-là, comme cela paraissait à peu près évident, il n’était plus à craindre. S’il eût été possible de battre en retraite sans plus de conversation, sir Lionel l’eût fait ; mais la chose étant impossible, il fit bonne contenance.

— Je pense que vous voulez plaisanter, George, dit-il.

Il serait, impossible de décrire le son de voix avec lequel M. Bertram répéta ce mot : « plaisanter. » Il fit bondir sur son siège le colonel et le força de s’avouer que le mot impotent ne s’appliquait pas tout à fait à son frère.

— C’est bien ! c’est une plaisanterie, continua le vieillard. Si je m’attends à être payé de tout ce que j’ai fait pour empêcher votre fils d’être jeté sur le pavé sans éducation, c’est une bonne plaisanterie. Ha ! ha ! ha ! je n’ai jamais songé à en rire jusqu’ici, mais dorénavant j’en rirai. Je me suis toujours laissé dire que vous étiez plaisant, sir Lionel. Ha ! ha ! ha ! je pense