cœur, et une mauvaise tête. J’ai quelquefois songé à en faire mon héritier.
Sir Lionel soupira doucement.
— Mais, maintenant, je suis résolu à n’en rien faire. Il ne connaît pas la valeur de l’argent : il n’apprécie pas l’argent.
— Là, vous vous trompez : vous ne le connaissez pas.
— Il n’en ferait rien de bon ; et quant au mien, il ne l’aura point. Le visage de sir Lionel redevint sombre.
— Mais qui l’aura alors, George ? À qui donc pouvez-vous le laisser ?.
— Quand je voudrai vous consulter à ce sujet, je vous ferai chercher ; pour l’instant je ne vous demande pas de conseil. Si vous voulez bien, nous ne reparlerons plus de mon argent.
Ils ne parlèrent plus d’argent, et fort peu d’autre chose. De quoi pouvait parler un aimable et charmant compagnon comme sir Lionel à un vieil avare de la cité de Londres, si ce n’est d’argent ? Il avait toujours regardé son frère comme une sorte d’éponge bien imbibée, dont on pourrait, le cas échéant, tirer parti en la pressant : mais il découvrait que l’éponge ne voulait pas se laisser presser par lui. Il quitta donc Hadley le plus tôt possible et retourna à Littlebath fort découragé. Pourtant, il tâchait de se consoler en se répétant que les caprices d’un vieillard sont souvent changeants, et qu’après tout, George aurait peut-être le gros lot, soit pour son compte personnel, soit du chef de sa femme.