Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/40

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position de rien faire. — Ah ! vraiment, il ne pouvait rien faire ?… c’était malheureux ! Bref, l’arrangement pour payer en deux années, avec intérêts, fut conclu. Et ce fut ainsi que M. Wilkinson fils commença, comme tant d’autres, à lutter contre le courant du fleuve de la vie avec une légère pierre au cou. Mais, qui sait ? cela vaut peut-être encore mieux, à tout prendre, qu’une ceinture de sauvetage toute gonflée de vent.

Rentré dans la maison paternelle, il se vit entouré par sa mère et ses sœurs et protégé par elles contre la froide sérénité de son père. Il parla peu à celui-ci des examens, mais en revanche il s’entretint longuement et souvent avec lui de l’avenir. Aussi finit-il, malgré toutes ses résolutions contraires, par raconter l’histoire de ses dettes.

— Peut-être pourrai-je faire quelque chose pour t’aider au printemps, lui dit M. Wilkinson.

— Non, non, mon père, vous n’en ferez rien, répondit le fils ; j’aurais dû vivre avec mon revenu ; puisque je ne l’ai pas fait, c’est à moi de pâtir aujourd’hui. — Ce fut tout, et l’affaire en resta là.

Bientôt Arthur se remit à aller dans le monde, le cœur aussi joyeux que s’il ne lui fût rien arrivé. Ses sœurs se moquèrent de lui parce qu’il ne dansait pas ; mais il avait résolu d’entrer dans les ordres, et il lui semblait à propos de ne rechercher désormais que des amusements qui seraient convenables pour la vie sacerdotale. Il se mit donc à étudier le chant, à jeûner le vendredi et à fabriquer au tour des pièces d’échiquier.