Mademoiselle Baker passa dans l’autre salon, mais elle s’éloigna lentement. Elle voulait parler à sir Lionel, qui conservait son poste auprès de mademoiselle Todd, et peut-être avait-elle quelque secret espoir que son ami lui offrirait le bras pendant quelques instants. Mais sir Lionel n’en fit rien. Il lui prit la main, et la serra de sa façon la plus affectueuse, demanda de sa voix la plus douce des nouvelles de sa chère Caroline, et puis la laissa s’éloigner seule. Il savait que mademoiselle Baker était facile à ramener, qu’il était, pour ainsi dire, sûr d’elle, et il résolut, en conséquence, de s’attacher à mademoiselle Todd pour le moment. Mademoiselle Baker s’en alla toute seule, non sans être un peu piquée de se voir ainsi négligée.
C’était une chose étrange que de voir le révérend M. O’Callaghan au milieu de cette foule mondaine de pécheurs amis du plaisir. On le savait capable de mansuétude et d’indulgence sous l’influence du thé et des muffins, — ces sentiments mêmes, on le savait, pouvaient aller jusqu’à la bienveillance quand la crème était abondante et les muffins bien beurrés, — mais pourtant, comme homme et comme pasteur, il était, sans contredit, austère. À propos et hors de propos, — en toute occasion, il se montrait prêt à argumenter véhémentement contre Satan et ses œuvres. Les armes de toute sorte lui semblaient bonnes pour guerroyer. Il lui était arrivé d’écrire à des inconnus des lettres remplies de remontrances violentes qu’il adressait ainsi :