Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/411

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ble de whist. Cela atténue un peu cet aspect abandonné que présente une partie composée de femmes seulement.

— Monsieur Fuzzibell, c’est vous précisément que nous cherchions, dit mademoiselle Ruff. Madame Garded aime toujours à vous avoir pour faire sa partie. Asseyez-vous donc. M. Fuzzibell obéit et s’assit.

Mais au moment où mademoiselle Ruff, le regard tendu, cherchait un quatrième à sa convenance, au moment même où elle se disposait à faire signe à mademoiselle Finesse, — c’était une silencieuse et prudente joueuse que mademoiselle Finesse, — voilà que cette odieuse créature, la vieille lady Ruth Revoke s’avance vers la table et s’assied sans façons ! Mademoiselle Ruff reprochait volontiers à madame Garded de faire une bassesse en consentant à jouer avec lady Ruth. Il était de notoriété publique à Littlebath que celle-ci n’avait jamais bien su le whist, et le peu qu’elle en avait su, elle l’avait depuis longtemps oublié. La pauvre vieille avait eu une attaque de je ne sais quel genre — paralysie ou apoplexie ; elle était tout infirme et branlante, et faisait peur à regarder, malgré son fard et ses rubans. Elle était lente à arranger ses cartes, lente à jouer, plus lente encore à régler ses comptes, quand ils ne lui étaient pas favorables, et c’était là généralement le cas. Pourtant, madame Garded était assez flatteuse pour l’encourager à faire sa partie — et tout cela, parce que le père de lady Ruth s’était appelé lord Whitechapel !

Il n’y avait rien à faire — point de salut. Elle était