qu’elle n’ait une nouvelle attaque. Mademoiselle Ruff est horrible. Elle a une façon de vous regarder avec son œil immobile qui fait encore plus peur que sa voix (mademoiselle Ruff avait un œil de verre). Je sais qu’elle sera cause, un jour ou l’autre, de la mort de cette pauvre vieille. Lady Ruth s’obstine à jouer, et elle ne reconnaît pas une carte d’avec une autre. Et mademoiselle Ruff gronde toujours. Grands dieux ! entendez-vous encore ?
— Il y a juste sept minutes que j’ai retourné la dernière levée de la dernière partie, disait mademoiselle Ruff d’un ton méprisant. Nous aurons fait deux robs vers les 6 heures du matin à ce train-là.
— Milady veut-elle me permettre de donner pour elle ? dit M. Fuzzibell, qui voulait être poli.
— Je ne vous permettrai rien de la sorte, grommela lady Ruth. Je puis très-bien donner moi-même — du moins aussi bien que mademoiselle Ruff. Et je ne suis pas du tout pressée. Elle continua donc à baver les cartes sur la table, — si j’ose m’exprimer ainsi, — et à les compter et recompter à peu près chaque fois qu’il en tombait une.
En ce moment, on entendit partir d’une autre table une voix joyeuse : c’était celle de lady Longspade. — C’est deux triples contre un simple, disait-elle, cinq points ; et six de l’autre rob, cela fait onze ; et les deux demi-couronnes, seize ; et sept levées, cela fait dix-neuf schellings et six pence. J’ai de quoi vous rendre. Tenez, voici un demi-schelling, madame Fuzzibell, et maintenant nous allons couper de nouveau, si vous voulez bien.