Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/45

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vant à cent lieues de chez lui de le venir voir, aussi naturellement que s’il eût demeuré dans la rue voisine, et cela sans faire allusion ni au dîner ni au coucher.

— Ça ne peut pas faire de mal de mettre mon sac de nuit dans le cabriolet, se dit Arthur ; et ayant ainsi pourvu sagement à toutes les éventualités, il se mit en route pour le château de Bowes.

Il avait agi sagement, eu égard aux probabilités, mais bien inutilement à juger d’après l’événement. Tout robuste qu’il était, cette promenade en cabriolet l’affecta désagréablement. La grande route d’Appleby est peu abritée, et quand il fallut la quitter à une lieue de Bowes, l’aspect du pays ne s’améliora pas. Le château se trouva être à deux lieues du village, et, lorsque Wilkinson en dépassa les grilles, il se sentit gelé jusqu’à la moelle des os.

Rien d’attrayant dans l’habitation ou le parc. Tout y était sombre et triste. Les arbres rabougris, les murs verdis par l’humidité, les nombreuses fenêtres fermées ne rappelaient en rien les demeures confortables et soignées des classes opulentes en Angleterre.

En descendant de cabriolet, il se dit qu’il ferait aussi bien de laisser son sac de nuit dans la voiture. Du reste, le domestique à mine renfrognée et vêtu de noir qui lui ouvrit ne fit aucune question à ce sujet, et Arthur se contenta de dire au cocher qui l’avait amené de faire le tour jusqu’aux écuries et d’attendre ses ordres.

« Sa Seigneurie était à la maison, » avait dit le som-