Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/53

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Arthur se leva à son tour et promit d’envoyer sa lettre le lendemain matin de bonne heure.

— Vous direz à votre messager d’attendre une réponse, dit lord Stapledean, et exprimez-vous nettement, je vous prie, de façon à ne laisser aucune ambiguïté. Puis, marmottant quelques souhaits inintelligibles au sujet du confort qu’on pouvait trouver à l’auberge du village, et une phrase également inintelligible sur l’état de sa santé qui l’empêchait de recevoir des visiteurs, il étendit de nouveau ses doigts vers Arthur. Quelques minutes plus tard, celui-ci se trouvait en cabriolet, roulant vers le petit village de Bowes.

Arthur Wilkinson n’avait personne à consulter, personne qui pût lui donner un conseil. Il ne devait interroger que sa raison et son cœur. Cette idée de simonie le tourmentait. Avait-il le droit de disposer d’une portion du revenu de la cure d’après des conventions imposées par le collateur laïque ? Un instant il songea à se rendre chez le vieux curé de Bowes pour le consulter ; mais il se rappela fort à propos ce que le marquis lui avait dit de ses rapports avec le clergé de l’endroit, et il se dit qu’il ne pouvait guère lui soumettre une affaire dans laquelle lord Stapledean était en cause.

Le soir, assis devant une détestable décoction à laquelle l’aubergiste de Bowes donnait le nom de thé, il médita longuement et douloureusement. « S’il s’était fié tout bonnement à moi, se disait Arthur, j’aurais fait autant que cela pour ma mère. C’est pour elle et mes sœurs que je désire la cure ; quant à moi, je serais mieux à Oxford. » Puis il songea à West-Putford et à