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remarque. Il avait eu beaucoup à faire. Il s’était absenté pendant une quinzaine de jours, et, à son retour, il avait dû faire une tournée de visites chez ses paroissiens, surveiller les réparations du presbytère et arranger la bibliothèque. Personne donc ne remarqua qu’il n’était allé qu’une seule fois à West-Putford. Lui seul y songeait. Il lui tardait de faire cette visite qu’il redoutait cependant. Quand il reverrait Adela, ce ne serait pas pour lui dire qu’il l’aimait, mais bien pour lui apprendre que cet amour lui était défendu.

La famille à West-Putford se composait seulement du vieux ministre et de sa fille. Madame Gauntlet était morte depuis longtemps, et Adela avait été son unique enfant. Une sœur de M. Gauntlet venait de temps à autre faire une visite au presbytère ; elle y avait même vécu aussi longtemps que l’éducation d’Adela avait exigé sa surveillance ; mais la vieille demoiselle préférait, en général, occuper son logement à Littlebath. Adela se trouvait par conséquent maîtresse absolue au presbytère de West-Putford.

Je prie le lecteur de ne pas s’imaginer qu’il avait été question d’amour entre Adela Gauntlet et Arthur Wilkinson ; il n’en était rien. Enfants, ils s’étaient connus et aimés, et maintenant qu’ils n’étaient plus enfants, ils se connaissaient et s’aimaient encore ; c’était là tout. Il est vrai qu’Arthur, lorsqu’il avait voulu parler de ses contrariétés personnelles, avait trouvé à West-Putford quelqu’un qui savait l’écouter, bien mieux qu’on ne l’écoutait chez lui. Il est vrai qu’Adela prenait plaisir à l’entendre, qu’elle avait trouvé doux