Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/105

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penses étaient considérables aussi. Une soixantaine de mille francs lui étaient à peu près indispensables, car il venait de louer un bel hôtel dans Eaton-Square, et il lui fallait le meubler.

Un jour, un vendredi — c’était quelque temps après son retour d’Écosse, et pendant qu’il s’occupait le plus activement du bill sur les cours de comtés, — il écrivit à Caroline pour lui annoncer sa visite à Hadley. Il se proposait, disait-il, d’y arriver le samedi soir, de passer la journée du dimanche à la campagne, et de repartir le lundi matin pour Londres, en supposant toutefois que cet arrangement convînt à M. Bertram.

Harcourt fut reçu à Hadley comme il convient de recevoir un solliciteur général. On ne lui servit pas que du mouton rôti et du bœuf bouilli ; on ne lui donna pas la petite chambre du fond qui n’avait pas de tapis ; tout cela avait été bon pour George Bertram, mais le solliciteur général avait droit à tout ce qu’il y avait de meilleur à Hadley. Il coucha dans la chambre d’honneur, — laquelle, par parenthèse, était un peu humide, car elle ne servait guère que deux fois l’an — et, à dîner, il eut à subir tout un service d’entrées, — d’entrées telles qu’on les comprend dans la banlieue de Londres. Cette réception le flatta naturellement en sa qualité de solliciteur général, et lui donna du courage pour l’effort qu’il allait tenter.

Il avait un peu espéré que le samedi soir il obtiendrait un tête-à-tête avec Caroline. Mais ni le sort ni l’amour ne lui furent propices. Premièrement, il n’arriva à Hadley que tout juste à l’heure du dîner ; en