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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/107

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teur général qui fait sa cour est un spectacle digne d’attention ; et le prédicateur n’eut pas le droit de se plaindre si l’on écouta son sermon avec moins de recueillement qu’à l’ordinaire. Après le service vint le lunch, et ce ne fut qu’après le lunch que sir Henry put proposer une promenade à sa future.

« Sans nul doute elle serait charmée de se promener : » telle fut la réponse de Caroline. Elle n’avait pas ôté son chapeau en revenant de l’église, elle était donc toute prête. Sir Henry aussi était tout prêt ; mais, au moment de quitter le salon, il se pencha vers le fauteuil de M. Bertram, et lui dit à voix basse : — Pourrais-je vous dire quelques mots, monsieur, avant le dîner, à propos d’affaires ? Je sais que je dois m’excuser, puisque c’est aujourd’hui dimanche.

— Oh ! le dimanche ne me fait rien, répliqua l’obstiné vieillard. Si vous voulez me parler, il est probable que vous me trouverez ici jusqu’à ce que j’aille me coucher.

Le jeune couple se mit en route. Ah ! ces promenades d’amoureux ! En vieillissant, on peut en arriver à ne regretter que fort peu de choses parmi toutes celles qu’on laisse derrière soi. On peut s’apprendre à dédaigner la plupart des plaisirs de sa jeunesse, et à vivre satisfait, bien qu’on leur ait survécu. La polka et la valse étaient jadis pleines de charmes : mais on se dit que, somme toute, c’était là un exercice laborieux, et qu’il fallait parfois s’y livrer avec des personnes dont on ne se souciait guère. Les pique-niques d’autrefois, aussi, étaient bien agréables : mais on peut se