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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/160

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— Oh ! non, sans doute ; mais il faudrait alors donner une petite indemnité. Et puis, mon Dieu ! on ne peut pas quitter comme cela du jour au lendemain un endroit où l’on a vécu depuis si longtemps…

— Pourquoi pas ? demanda le tyran.

— Je ne sais pas ; je ne puis pas vous expliquer cela… mais on a toujours des gens à voir, et puis, tant de choses à faire, et tant de choses à emballer.

On comprendra facilement que mademoiselle Baker ne devait pas remporter la victoire dans cette lutte avec M. Bertram. Elle n’avait pas le courage de combattre, et elle l’aurait eu, que dans ce moment les moyens lui auraient manqué pour livre bataille. Mais, grâce à sa faiblesse même, elle parvint à effectuer un compromis. « Oui, certainement, dit-elle, puisque M. Bertram croyait que cela valait mieux, elle serait heureuse — très-heureuse, cela allait sans dire, — de vivre avec lui à Hadley. Mais ne lui serait-il pas permis d’aller à Littlebath emballer ses effets, régler ses comptes, et dire adieu à ses amis ? » Oh ! ses amis ! Et cette horrible mademoiselle Todd !

Elle obtint ainsi un mois de grâce. Elle devait partir pour Littlebath tout de suite après la Noël, afin d’être de retour à Hadley pour s’y fixer définitivement à la fin de janvier.

Elle écrivit, à ce propos, une lettre un peu plaintive à Caroline. Elle convenait qu’il était de son devoir de rester auprès de son oncle maintenant qu’il était devenu infirme. « La vie à Hadley serait bien triste, disait-elle ; mais, quant à cela, depuis que sa chère Ca-