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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/204

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de sir Lionel, il était irritant de se sentir si près de grandes richesses, et de devoir se dire qu’elles n’étaient pas à sa portée, et que probablement, hélas ! elles ne le seraient jamais.

Sir Lionel comptait attendre à Londres la réponse de mademoiselle Baker, et ce fut en effet là qu’il la reçut. Malgré sa brièveté, cette réponse était suffisamment claire. Évidemment, mademoiselle Baker avait trahi sir Lionel auprès de M. Bertram, et tout espoir d’obtenir de l’argent de ce côté-là devait être abandonné désormais. Le colonel pourrait réussir de vive voix à persuader mademoiselle Baker, mais ce ne serait là qu’un bien stérile triomphe. Si mademoiselle Baker se brouillait avec son oncle pour épouser sir Lionel, celui-ci ne trouvait plus en elle la compagne qu’il avait rêvée. Du reste, il ne tarda pas à apprendre qu’elle n’était pas encore de retour à Littlebath, et que probablement elle n’y reviendrait plus. Là-dessus, se croyant en sûreté, il y retourna lui-même, et se trouva bientôt le centre de mille petites ovations sentimentales que lui préparèrent les indiscrétions de mademoiselle Todd et de mademoiselle Pénélope Gauntlet.

Ce fut deux mois plus tard que George Bertram revit sir Henry Harcourt pour la première fois depuis le mariage. Il avait appris que sir Henry et sa femme étaient à Londres, et il avait entendu vanter les splendeurs de leur nouvelle maison d’Eaton-Square. Les journaux lui avaient dit avec quel éclat lady Harcourt avait paru à la cour, avec quelle grâce elle recevait, et combien tout le monde portait envie au jeune avocat