Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/21

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ses amis auxquels il avait cru devoir communiquer ses projets de mariage, il trouvait nécessaire aussi d’en annoncer la rupture. Il écrivit donc à Arthur Wilkinson et à Harcourt, et il se décida à aller voir son oncle à Hadley. Il se serait volontiers contenté d’écrire à son oncle comme aux autres ; mais il ne l’avait jamais fait jusqu’alors, et il se sentait embarrassé pour entamer une correspondance.

Sa lettre à Harcourt lui coûta beaucoup de peine, pourtant il parvint enfin à la rédiger en fort peu de mots. Il n’y fit aucune allusion à ce qui s’était passé entre eux à Richmond, ni aux causes qui avaient amené la rupture avec Caroline. Il se borna à dire que son engagement avec mademoiselle Waddington était rompu de leur consentement mutuel, et qu’il pensait bien faire en annonçant la chose à son ami, afin d’empêcher des embarras et des désagréments dans l’avenir. Ce n’était pas long à dire, mais néanmoins Bertram n’en vint pas à bout sans de grands efforts.

À sa grande surprise, Harcourt vint le voir dès le lendemain. Bien que Bertram n’eût pas l’intention de se brouiller complètement avec le brillant légiste, il s’était imaginé qu’il ne devait plus être question d’intimité entre eux. Le grand voyage de la vie s’accomplissait pour chacun d’eux sur des routes essentiellement opposées. Ils différaient d’opinion sur tous les sujets. Leur manière de vivre, leurs habitudes, leurs amis étaient aussi dissemblables que possible. Le jeune avocat si prospère ne plaisait plus à Bertram ; on pourrait même dire qu’il en était arrivé à lui être tout à fait