Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/218

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mieux pour s’y prêter. Il tâcha de répondre à quelques-unes des questions difficiles de M. Stistick, et repoussa, mais faiblement, la raillerie du juge. Mais il n’était pas maître de lui, nous l’avons dit, et Caroline, qui l’observait du haut de sa silencieuse beauté, dut s’en apercevoir. Elle l’accusa intérieurement de manquer de courage ; mais s’il eût été bruyant, s’il eût semblé heureux et léger, il va tout à parier qu’elle l’aurait accusé de quelque chose de plus grave encore. Il lui aurait paru manquer de cœur.

— Tant qu’on laissera la chose entre les mains des parents, il n’y aura absolument rien de fait, reprit M. Stistick.

— C’est ce que je dis toujours à lady Brawl, répondit le baron.

— Et c’est ce que j’ai dit à lord John, et ce que je lui redirai toujours. Lord John va bien, jusqu’à un certain point…

— Merci, Stistick. Je prends acte de la concession, dit le solliciteur général.

— Lord John va bien jusqu’à un certain point, reprit le député contrarié de l’interruption ; mais il n’y a qu’un seul homme dans le pays qui comprenne complètement le sujet, et qui soit capable de…

— Et il me semble difficile qu’il s’en rencontre un second, interrompit le juge.

— Et qui soit capable de se faire écouter.

— Que dites-vous, lady Harcourt, de la surveillance d’une école composée de… Combien de millions sont-ils, monsieur Stistick ?