Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/274

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— Ces méprises-là sont fort sottes. Je vous conseille de réparer la vôtre le plus tôt possible.

— Je ne pourrai jamais réparer cette méprise-là, monsieur, jamais, — jamais. Mais je sais que je n’ai que moi à blâmer.

— Allons donc ! Quelle idée ! Il faudra bien que vous alliez retrouver votre mari.

— Jamais, monsieur Bertram, jamais. Je lui obéirai et à vous aussi ; je vous obéirai à tous deux si cela est possible, en tout, excepté en cela. Je ne puis obéir à personne pour cette chose-là.

— Bah ! dit M. Bertram. Telle fut la réception de lady Harcourt quand elle revint à Hadley.

Ni mademoiselle Baker ni Adela ne lui parlèrent beaucoup de ses affaires le premier jour. Sa tante, à vrai dire, ne lui en parla jamais ouvertement. Il semblait qu’il y eût entre elles un accord tacite pour garder le silence là-dessus. Il y avait d’ailleurs chez lady Harcourt une sorte de mélancolie et parfois une sévérité presque farouche qui décourageaient les questions. Son grand-père lui-même hésitait à lui parler de son mari, et il la laissa vivre à sa guise de cette vie tranquille, silencieuse et réservée, qu’elle semblait avoir irrévocablement adoptée.

Pendant les premiers quinze jours de son séjour elle ne sortit pas de la maison ; mais un dimanche matin qu’il faisait très-beau, elle descendit de sa chambre tout habillée pour aller à l’église. Mademoiselle Baker remarqua qu’elle ne portait que des vêtements qu’elle avait eus avant son mariage. Sa toilette était aussi sim-