Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/320

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que le manger et le boire sont des nécessités inexorables, et qu’une chaumière et son cœur passent généralement pour être, selon sa propre expression, « des bêtises. » Elle se rappelait que son intérieur d’autrefois n’était point très-agréable quand ce pauvre Cox avait des dettes, et qu’on venait lui présenter des billets qu’il ne pouvait payer. Tout bien considéré, elle se dit qu’il serait sage de ne point ratifier son engager ment avec Bertram avant d’arriver à Southampton. Il se pourrait que Biffin — le respectable Biffin — se mît de nouveau sur les rangs.

Tout alla de même pendant quelques jours. Bertram, quand ils étaient seuls, l’appelait Annie, et une fois il lui demanda de nouveau si elle l’aimait. — « Que je vous aime ou que je ne vous aime pas, je ne vous donnerai pas de réponse maintenant, avait-elle répondu en riant. Nous avons été bien fous l’un et l’autre, et il serait peut-être temps de reprendre son bon sens. Qu’en dites-vous ? » Mais elle n’en continuait pas moins à se placer à côté de lui à table, et à se promener avec lui sur le pont. Une fois, il est vrai, il la trouva causant avec le major Biffin qui se tenait debout auprès de sa chaise sur le pont. Mais, dès que celui-ci se fut éloigné, elle dit à Bertram : « Il me semble que la tête à perruque a besoin d’être refrisée. Les favoris ne sont pas peignés. » De sorte que Bertram n’éprouvait aucune jalousie à l’endroit du major.

Ce fut vers cette époque que madame Price les abandonna à table, en annonçant sa résolution d’aller se mettre auprès de madame Bangster, du vieux juge et