Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/327

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— Je ne regrette qu’une chose, Mina, c’est qu’il existe une madame Mac Gramm, dit-elle.

— Ce ne serait pas du tout l’homme qu’il me faudrait, ma chère ; ainsi, que cela ne vous tourmente pas.

— Il reste d’aussi beaux poissons dans la mer que tous ceux qu’on y a péchés, n’est-ce pas, Mina ?

— Certainement. Mais je pense que vous vous figurez qu’il n’y a pas de poisson comparable à Biffin.

— Il me suffit, ma chère ; et quand vous en attraperez un plus gros et plus beau, je n’en serai point jalouse.

Ce soir-là, madame Cox soupa à côté de l’amoureux major, et nos deux amis furent abandonnés à eux-mêmes. La grande nouvelle s’était répandue parmi les passagers, et aux dames qui la questionnèrent à ce sujet, madame Cox ne chercha pas à cacher l’événement. En ce monde on prend le poisson, grâce à mille ruses très-diverses, et l’on ne devient pas pêcheur sans les connaître. Il en est de même pour les femmes, et madame Cox était une pêcheuse de première force. Si elle n’avait pas attaché l’amorce d’une main habile et jeté sa ligne avec décision, elle n’aurait pas eu ce gros poisson dans son panier. Elle sentait que son adresse lui faisait honneur et ne rougissait pas d’accepter l’admiration qu’elle lui attirait.

— Bonsoir, madame Cox, lui dit Bertram avec bonne humeur. On me dit que j’ai un compliment à vous faire.

— Bonsoir, dit-elle en lui tendant la main. Et adieu