Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/334

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des médecins il ne serait pas longtemps de ce monde. L’illustre docteur, sir Omicron lui-même, l’avait vu. Mademoiselle Baker avait insisté, bien malgré son oncle, pour qu’il fût appelé. Mais sir Omicron avait branlé la tête, et avait déclaré que la sentence était sans appel.

La mort avait réclamé ses droits. Il fallait laisser ici-bas le lourd fardeau des douze millions et demi ; il fallait que l’âme prît son essor, libre de toutes ses charges, pour aller au-devant de l’accueil immatériel qui l’attendait.

M. Bertram avait été averti de sa fin prochaine, et il avait répondu qu’il s’y attendait. « Lorsqu’un homme est trop vieux pour vivre, avait-il dit, il faut qu’il meure, quand bien même tous les sir Omicron d’Europe entoureraient son lit. C’était de l’argent perdu. Comment ! cinq cents francs pour la consultation ! » Et, n’ayant pas la force de gronder, il s’était retourné avec colère le visage contre le mur. « Il saurait attendre la mort comme il convient à un homme, mais pourquoi se laisserait-il voler dans ses derniers moments ? »

— Il faudra aller le voir, monsieur George, dit en soufflant le pauvre Pritchett. Mais il est trop tard pour rien faire. Tout cela doit être arrangé maintenant.

Bertram, lui dit qu’il, partirait sur-le-champ, sans tenir compte des arrangements en question. Puis, se rappelant quels étaient les hôtes de Hadley lorsqu’il avait quitté l’Angleterre, au commencement de l’hiver, il s’informa des deux dames.