Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/357

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thur entama la conversation, et cette fois, hélas ! ce n’était plus ce qu’il comptait faire, mais bien ce qu’il avait fait, qu’il devait confier à sa mère.

— Je vous ai dit l’autre jour, ma mère, que je me proposais d’aller à Littlebath.

— Oui, Arthur, dit-elle en ôtant ses lunettes qu’elle posa sur la table.

— Au lieu de cela, je lui ai écrit.

— Et tu lui as fait une offre de mariage ?

— Justement. J’étais bien sûr que vous connaissiez mes sentiments pour elle. Depuis bien des années je voulais faire ce que j’ai fait, mais ce qui m’a toujours arrêté, ça a été la crainte que mon revenu, — notre revenu, veux-je dire, — ne fût pas suffisant.

— Pas suffisant ! En effet ! Oh ! Arthur, que vas-tu faire ? Comment pourrez-vous vivre ? Adela n’a que cinquante mille francs, — tout au plus deux mille francs de revenu. Et tu vas perdre ton traitement d’agrégé ! Quand tu auras six ou sept enfants, comment feras-tu pour nourrir tout ce monde ?

— Je vais vous dire mes projets. Si Adela accepte…

— Oh ! elle acceptera, et bien vite encore, dit madame Wilkinson avec cette aigreur habituelle aux mères lorsqu’elles parlent des jeunes filles qu’aiment leurs fils.

— Ce que vous me dites là, ma mère, me rend bien heureux. Moi je n’en suis pas sûr, car un jour, lorsque j’ai fait allusion à mes sentiments pour elle, Adela ne me donna aucun encouragement.

— Bah ! fit madame Wilkinson.