Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/373

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— Je te fais mon compliment bien sincère, dit Mary, — malgré le manque d’argent.

Cette façon d’accueillir la nouvelle de son bonheur parut un peu froide à Arthur, vu que c’était lui qui faisait vivre sa mère et ses sœurs depuis la mort de son père.

— En tout cas, ce n’est pas toi qui souffriras de la gêne ; donc, tu n’as pas à te plaindre, dit-il en sortant de la salle à manger.

Il ne fut plus question de rien jusqu’au soir. Arthur alors, se retrouvant seul avec sa sœur, lui dit :

— Tu lui écriras, n’est-ce pas, Mary ?

— Oui, dit Mary, qui se sentait un peu honteuse.

— Il n’est pas étonnant que ma mère soit fâchée ; la fausse position dans laquelle nous nous trouvons placés l’un et l’autre en est la cause, et c’est ma faute, car je n’aurais pas dû accepter la cure dans de telles conditions.

— Oh ! Arthur, tu ne pouvais pas la refuser !

— Si ; j’aurais dû refuser. Mais je trouve, Mary, que toi et les autres, vous devriez recevoir Adela à bras ouverts. Quelle autre sœur aurais-je pu vous donner que vous auriez mieux aimée ?

— Oh ! sans doute ! ce n’est pas à cause d’elle… nous la préférons à toute autre.

— Alors, dis-le-lui, et ne l’attriste pas en lui parlant de la maison. Jusqu’ici vous n’avez jamais manqué de rien ; ayez donc confiance.

Tout cela, c’était bon avec sa sœur Mary ; mais avec sa mère ce fut plus sérieux. Arthur commença par lui