Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/381

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faire pendre, après tout. Et avec cette pensée, la concierge se rassura.

Le château de Bowes avait l’air, ce jour-là, encore plus humide, plus triste, plus muet et plus abandonné, s’il est possible, que lors de la visite d’Arthur. Les allées étaient couvertes d’herbe, et les arbustes ne semblaient pas avoir reçu depuis de longues années les soins d’un jardinier. La porte du château avait si peu l’air d’être faite pour laisser entrer les gens, que le postillon eut à chercher longtemps la cloche, cachée qu’elle était par la verdure et les branches d’arbres. Lorsqu’il l’eut sonnée, elle rendit un son aigre, rouillé et discordant comme si elle eût été en colère d’être dérangée d’une façon si inusitée.

Cependant, quelque rouillée qu’elle fût, elle fit venir, après un assez long délai, un domestique. C’était un vieux bonhomme à l’air maussade qui ouvrit lentement la porte. — Oui, dit-il, M. le marquis est chez lui. Il est dans son cabinet, mais ça n’est pas une raison pour qu’il voie les gens. Puis il jeta un regard soupçonneux sur la grande malle, et dit entre ses dents au postillon quelques mots que madame Wilkinson ne put saisir.

— Voulez-vous porter ma carte à mylord, s’il vous plaît, lui dit madame Wilkinson. Je désire le voir pour affaire importante. Je lui ai écrit pour lui annoncer mon arrivée.

— Ah ! vous avez écrit à mylord ? Eh bien ! m’est avis alors qu’il ne vous recevra pas du tout.

— Si, si ; mylord me recevra. Portez-lui ma carte, et je suis sûre qu’il me verra. Veuillez me faire le plai-