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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/390

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le postillon enfourcha sa bête, et ils partirent. En repassant par la grille, elle eut le plaisir d’entendre les rires étouffés et ironiques de la concierge. Arrivée à l’auberge, le cœur bien gros, madame Wilkinson gagna en toute hâte sa chambre pour y pleurer à son aise.

— Vous voilà donc revenue ? lui dit la maîtresse d’auberge.

Nous ne dirons rien de son pénible voyage pour retourner à Hurst-Staple, et des tristes réflexions auxquelles elle se livra pendant la route. Elle écrivit un mot à sa fille aînée pour lui annoncer son retour et, en conséquence, elle trouva à la station le garçon d’écurie qui l’attendait avec le phaéton. Elle avait craint qu’Arthur ne vînt la chercher, mais celui-ci, redoutant également de son côté la première rencontre, avait consulté ses sœurs et s’était décidé à attendre sa mère à la maison. Il était donc dans la bibliothèque quand elle arriva, mais, en entendant le bruit de la voiture, il alla recevoir sa mère sur le perron.

Elle ne lui dit rien dans le premier moment, mais elle serra affectueusement la main qu’il lui tendit.

— Quelle sorte de voyage avez-vous fait, maman ? lui dit Sophie.

— Oh ! c’est un endroit affreux ? s’écria madame Wilkinson.

— En effet, ce n’est pas un joli pays, dit Arthur. Arrivée au salon, la mère s’assit sur le canapé, avec une de ses filles de chaque côté.

— Sophie, dit-elle après un moment, va-t’en ; donne