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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/394

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d’autrefois. Il se souvint de la terrible journée de la publication des listes à Oxford, de cet autre jour où il était revenu de Bowes le cœur brisé, et, surtout, de cette triste visite à West-Putford. Les longues heures qu’ils avait passées assis dans la bibliothèque du presbytère, à gémir sur son triste sort lui revinrent en mémoire. Lui qui s’était toujours plaint de sa destinée, qui avait passé sa vie à se lamenter et à se répéter tristement : Væ victis ! il pouvait, pour la première fois, changer de note et entonner un chant de triomphe ! Son cœur débordait d’allégresse. S’il eût remporté le premier de tous les prix à son début dans le monde, qu’aurait pu lui donner de plus la destinée, ou, pour mieux dire, qu’aurait-elle pu lui réserver de meilleur ?

On conviendra qu’elle lui accordait au moins tout ce qu’il méritait.

Ils décidèrent que le mariage aurait lieu au commencement du mois de juin.

— Le premier, dit Arthur.

— Non, le trente, dit Adela en riant ; puis, comme les femmes savaient mieux céder qu’exiger, on tomba d’accord pour le onze juin. Espérons que ce jour-là leur aura toujours semblé un jour propice.