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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/400

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gre et osseuse pour tâcher de faire à son visiteur l’accueil habituel de l’Anglais.

Sir Henry la pressa doucement, et la trouva froide et moite.

— Nous voilà bien près de la fin, sir Henry, dit le malade.

— J’espère bien que non, dit le visiteur d’un ton de circonstance. Vous pouvez reprendre, monsieur Bertram.

— Reprendre ! Et quelque chose dans la voix du vieillard rappela vaguement le ton d’amère raillerie qui lui avait été jadis familier. — Non, je ne pense pas que je reprenne jamais.

— Enfin nous pouvons toujours espérer. C’est ce que je fais, je vous assure.

— Sans doute. Nous espérons tous, — tous tant que nous sommes. Je peux encore faire cela, quoique je ne puisse guère faire autre chose.

— Certainement, dit sir Henry. Puis il demeura silencieux, se demandant comment il devait s’y prendre pour mettre à profit l’occasion. Que fallait-il dire pour s’assurer une fraction des millions de ce moribond ? Dans son for intérieur il se disait que la moitié au moins de cet argent lui revenait de droit ; mais comment faire valoir ses droits ? Peut-être, après tout, aurait-il mieux fait de rester à Londres.

— Monsieur Bertram, dit-il enfin, j’espère que vous ne me trouverez pas indiscret si, malgré votre état, je vous dis quelques mots d’affaires.

— Non… non… non, dit le vieillard ; je ne puis pas