Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/404

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trouvez peut-être que je ne suis que son mari, et que cela ne me regarde pas ?

— Si j’en juge d’après le mot que vous lui avez adressé, je ne suppose pas que vous teniez beaucoup à elle.

— Et que vous importent les mots que je lui dis ? Ah ! vraiment, c’est sur ce ton-là que vous le prenez ? Eh bien ! je vais vous dire ce que je compte faire : j’attendrai que ce vieux ait rendu l’âme, et alors j’emmènerai ma femme de cette maison, — avec l’aide de la force, si force il faut. Là-dessus, sir Henry ouvrit la porte, et s’en alla sans autre adieu.

— Que de tourments je prévois, mon Dieu ! murmura mademoiselle Baker en pleurant.

Pendant les trois jours suivants, il n’y eut aucun changement à Hadley, si ce n’est que M. Bertram continua de s’affaiblir, et parut de moins en moins disposé à parler. Le matin du troisième jour, il dit pourtant quelques mots : — George, je commence à croire que j’ai eu tort, en ce qui te regarde ; mais je pense que maintenant il est trop tard…

Son neveu lui répondit qu’il était sûr que tout irait bien, et ajouta quelques phrases banales, dans le but de tranquilliser le mourant.

— Mais il est trop tard maintenant, n’est-ce pas ?

— Pour changer quelque chose à votre testament, mon oncle ? Oui, oui, il est trop tard. Ne pensez pas à cela, je vous prie.

— Ah ! oui, ce serait bien fatigant, — bien fati-