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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/422

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dans un coin. Le notaire s’assit au haut bout de la table et rompit le cachet de l’enveloppe qui contenait le testament avec un certain air de satisfaction qui prouvait tout le plaisir qu’il apportait à sa tâche. — M. Bertram, dit-il, vous ne vous asseyez pas ?

— Merci ; je resterai debout, si vous le permettez, dit George, et il garda sa position, le dos appuyé au foyer vide.

Chacun de ceux qui se trouvaient là assemblés craignait qu’on ne lût son désappointement sur sa figure, et redoutait les commentaires des autres assistants. Chacun s’étudiait et se préparait à écouter avec une indifférence apparente la nouvelle qu’il tremblait d’apprendre. Le notaire seul était calme. Il n’espérait ni ne craignait rien. Monsieur Pritchett ferma les yeux, entr’ouvrit la bouche, et demeura immobile, les mains croisées sur le ventre, comme s’il eût été trop humble pour se permettre de concevoir des espérances pour son compte personnel.

Sir Lionel était tout souriant. Que lui importait la teneur du testament ? Mon Dieu ! il était bien désintéressé dans la question ! Si son enfant, son cher George, héritait, il s’en réjouirait, sans doute, en tendre père qu’il était ; mais s’il n’avait rien, eh bien ! le cher enfant saurait s’en passer. Voilà ce que sir Lionel cherchait à faire dire à son visage. À tout prendre, il ne jouait pas trop mal son rôle, seulement il ne trompa personne. En pareille occasion, les visages composés pour le mensonge ne font jamais illusion au public. Au fond, de tous ceux qui étaient présents, c’était sir