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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/426

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À la lecture de ce paragraphe, — de ce paragraphe où le testament semblait avoir omis à dessein de mentionner même son nom, — sir Henry donna sur la table un violent coup de poing qui fit jaillir l’encre de l’encrier qui se trouvait placé devant le notaire. Elle retomba en larges taches noires sur le testament. Mais personne ne dit rien. Il y avait là du papier brouillard, et M. Stickatit, après un instant d’interruption, put reprendre sa lecture.

Dans la cinquième clause, le vieillard parlait de son neveu George. « Je veux qu’il soit bien entendu, disait-il, que j’aime mon neveu, George Bertram, et que j’apprécie sa loyauté, sa probité et sa franchise. » Sir Lionel reprit courage et se dit que tout pouvait encore s’arranger. George lui-même était content ; il n’avait pas cru possible qu’il éprouvât autant de satisfaction en écoutant la lecture de ce testament. « Mais, ajoutait le testateur, je ne suis point d’avis, ainsi qu’il le sait fort bien lui-même, de remettre mon argent entre ses mains pour son usage personnel. » À la suite de quoi, il léguait à George, comme témoignage de son affection, une nouvelle somme de cent mille francs.

Sir Lionel respira longuement. En résumé, de ce grand naufrage George ne sauvait qu’une somme de cent vingt-cinq mille francs ! C’était là tout ! Que faire de cent vingt-cinq mille francs ? Que pouvait-on espérer de prélever sur une si misérable somme ? Peut-être ferait-il bien de s’arranger de mademoiselle Baker ? Mais le petit avoir de celle-ci n’était que viager… Ah !