Aller au contenu

Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans laisser de fortune. M. Bertram avait été lui-même membre de l’honorable Compagnie des poissonniers.

C’était là tout. M. Stickatit, ayant fini de lire, plia le testament et le remit dans l’enveloppe. Sir Henry, la lecture achevée, frappa de nouveau la table avec violence. — En ma qualité d’héritier légitime, je ferai opposition à ce testament, dit-il.

— Je crois que vous trouverez qu’il est en règle, répliqua M. Stickatit avec un léger sourire.

— Ce n’est pas mon avis, monsieur, dit l’ex-solliciteur général d’une voix qui fit tressaillir tout le monde. Je pense tout le contraire. Ce document ne vaut pas le papier sur lequel il a été écrit, et je vous en donne avis à vous deux, qui avez été nommés exécuteurs testamentaires.

Sir Lionel était occupé à se demander s’il valait mieux pour lui que le testament fût valide ou qu’il ne le fût pas. Avant d’arriver à une décision à cet égard, il ne pouvait prendre parti pour personne. Si le testament n’était pas bon, il pouvait se faire qu’il y en eût un autre, antérieur à celui-ci, et, d’après celui-là, George se trouverait peut-être hériter.

— C’est un singulier document, dit-il à tout hasard ; — un fort singulier document.

Mais sir Henry ne cherchait pas d’alliés, et ne demandait à personne de prendre parti pour lui. Il n’éprouvait que de l’hostilité envers eux tous, — envers eux tous et envers une autre encore ; envers celle qui lui attirait ce malheur, la femme qui avait trahi ses intérêts et fait échouer ses espérances.