Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/444

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étage dans son cabinet de toilette. Pourquoi ? Il ne se le demanda même pas. Le lit, le repos, le sommeil ? il n’y songea point. Arrivé là, il s’assit, et commença machinalement à faire sa toilette. Il s’habilla comme s’il allait à quelque grande soirée, et y mit même un soin tout particulier. Il rejeta une cravate blanche qu’il avait un peu chiffonnée en la nouant. Il regarda avec soin sa chaussure et épousseta scrupuleusement la manche de son habit sur laquelle il aperçut quelques grains de poussière. C’était un soulagement pour lui que d’avoir quelque chose à faire. Il acheva de s’habiller, et puis…

Quand il avait commencé sa toilette, il avait eu, peut-être, une vague intention d’aller quelque part. En tout cas, il avait promptement changé d’avis, car, sa toilette faite, il se rassit de nouveau. Le gaz avait été allumé dans son cabinet, et là il lui fut facile, en jetant les yeux autour de la pièce, de voir quelles ressources s’offraient à lui. Enfin, il en vit une.

Hélas ! il la vit, et son esprit approuva, — cette portion de son esprit, du moins, qui restait libre. Mais il attendit avec patience, — avec bien plus de patience qu’il n’en avait montré pendant toute cette journée. Il resta tranquillement assis pendant plus d’une heure ; peut-être attendit-il deux heures, car la maison était silencieuse et tous les domestiques couchés. Alors il se leva et alla tourner la clef dans la serrure à la porte du cabinet. C’était une précaution futile, si tant est que l’acte fût réfléchi, car il y avait une autre porte