Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/66

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explique-moi donc cette résurrection de la chair.

— « Et pourtant dans la chair je verrai Dieu, » dit Arthur d’un ton solennel.

— Mais je te dis que non ; c’est impossible.

— Rien n’est impossible à Dieu.

— Si ; il est impossible que ses grandes lois soient changées. Il est impossible qu’elles subsistent et qu’elles ne subsistent pas. Ton corps — ce que nous appelons notre corps — ce que Flora Buttercup croit être son corps (et en cette chose-là sa foi est très-réelle), se convertira, grâce à la féconde chimie de la nature, en divers gaz productifs à l’aide desquels d’autres corps seront formés. Avec quel corps verras-tu le Christ ? Sera-ce avec ton corps d’à présent, ou avec celui que tu auras à la mort ? Car il va sans dire que chaque parcelle de ton corps se change continuellement.

— Peu importe avec lequel ce sera. Il me suffit de croire ce que les Écritures m’enseignent.

— Voilà… Si l’on pouvait croire ! Un juif quand il se traîne, moribond, jusqu’à la vallée de Josaphat, peut croire. Grâce à ses ténèbres d’ignorance, il ne sait rien de ces lois de la nature. Mais adressons-nous à des gens qui ne sont point dans les ténèbres. Si je demandais à ta mère ce qu’elle entend par ces mots qu’elle répète : « Non par confusion de substance, mais par unité de personne, » que penses-tu qu’elle me répondrait ?

— C’est là un sujet qui lui demanderait un peu de temps à expliquer.