naissaient rien et ne pouvaient rien comprendre des lois qui doivent nous régir.
— Tu veux parler de l’Ancien Testament ?
— On nous donne la Bible comme un tout. Puis on nous présente le récit d’un mystère qui est au-dessus ou, tout au moins, au-delà de notre compréhension, et dont le but même est opposé à toutes nos idées de justice. Ce qui, sur la terre, est d’une injustice manifeste, peut-il être juste selon la jurisprudence du ciel ?
— Tu as donc en Dieu une foi bien faible, ou en toi-même une bien ferme confiance, que tu ne peux croire à rien de ce qui dépasse ton intelligence ?
— Je crois à bien des choses que je ne comprends pas. Je crois à la distance du soleil à la terre. Je crois que la semence humaine demeure dans le sein de la femme, et qu’elle se produit au jour sous la forme d’un être vivant. Je ne comprends pas le principe de ce développement merveilleux, mais, nonobstant, j’y crois, et je sais qu’il vient de Dieu. Mais je ne puis pas croire que le mal soit bon. Je ne puis pas croire que l’homme, placé par Dieu sur cette terre, devra se voir accorder ou refuser le bonheur éternel, suivant qu’il se trouvera ou ne se trouvera pas d’accord avec de certains docteurs qui, vers le quatrième siècle, ou peut-être plus tard, ont eu grand’peine eux-mêmes à se mettre d’accord sur la question controversée.
— Il me semble, Bertram, que tu touches là à des matières que tu sais fort bien n’être point de nécessité vitale pour la foi chrétienne.
— Qu’est-ce qui est vital, et qu’est-ce qui ne l’est