Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/7

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réconciliation. Caroline se montrait douce, obéissante même avec sa tante ; elle lui cédait en tout ; mais mademoiselle Baker voyait bien que le sujet qui les préoccupait exclusivement l’une et l’autre ne devait pas être abordé.

Caroline laissa s’écouler deux jours entiers avant qu’elle se permît de réfléchir à ce qui venait d’avoir lieu. Elle passait la moitié de ses nuits à lire afin d’avoir quelque chance de sommeil lorsqu’elle se coucherait. Mais le troisième jour au matin elle prit la plume et écrivit à Adela la lettre que voici :


Littlebath, vendredi.
Chère Adela,

« Il vient de se passer une chose à laquelle je n’ai pas encore voulu réfléchir et dont je vais essayer de me rendre compte en vous écrivant. Pourtant, avant que cette chose arrivât, j’y avais souvent pensé, — j’en avais causé avec ma tante Mary ; quelquefois même il m’était arrivé de penser et de dire que je la désirais presque. Puissé-je parvenir à me persuader cela aujourd’hui !

« Tout est fini entre M. Bertram et moi. Il est venu ici mardi pour me le dire. Je ne le blâme pas. Je ne saurais le blâmer pour ce qu’il a fait, quoiqu’il y ait mis bien de la dureté.

« Je vous dirais tout, si je le pouvais ; mais c’est si difficile en écrivant ! Que je voudrais vous avoir ici ! Mais non ; vous me rendriez folle en me donnant des conseils que je ne pourrais pas, que je ne voudrais pas